Macron et les pauvres

Président de la République, Emmanuel Macron, un « social libéral », propose des méthodes pour lutter contre la pauvreté dans la continuité de ce qui se fait en Europe, dans un monde sans frontières économiques. Mais pour ceux qui gagnent le SMIC ou moins, est-ce que c’est mieux d’avoir Macron président ?

Issu de nulle part, ce candidat qui a créé son mouvement « En Marche », avec le soutien de la plupart des « puissants » de France et même d’ailleurs, a suscité une immense suspicion : n’était-il pas un banquier d’affaires ? Comment une personne comme ça, qui travaille pour les riches, peut-elle dire qu’elle fera en sorte que les français soient plus heureux ? Normalement, ce sont les personnes de droite qui disent qu’en aidant les patrons, les pauvres en profitent. Macron, lui, n’est ni de gauche ni de droite, pouvons-nous en attendre des solutions originales?

La lutte contre la pauvreté ne consiste pas seulement à permettre aux personnes fragiles de subsister.

Cette phrase est issue directement du site de campagne d’en Marche, le mouvement politique d’Emmanuel Macron. Jusque là, tout va bien.

Macron et les travailleurs pauvres, à temps partiel

La promesse : « permettre à chacun de vivre de son travail ». C’est une promesse de campagne, comme tant d’autres, et qui est évidemment partagée par tous. Non, le vrai travailleur pauvre, c’est celui qui n’a pas assez de travail (mi-temps), ou qui, pour aller travailler, doit se déplacer très loin, avec tous les frais qu’il peut avoir (garde des enfants, voiture…).

Je n’ai pas vraiment trouvé de solution à ce cas précis, à part la simplification de la paperasse pour ceux qui veulent se lancer à leur compte. En revanche, il y aura un dispositif qui permettra à un salarié de démissionner et de pouvoir toucher le chômage : il pourra alors chercher à plein temps un autre travail, mieux payé.

La critique : les salaires sont tirés vers le bas. Ce qui a appauvri les travailleurs, c’est la mondialisation, la concurrence de travailleurs faisant le même boulot, mais pour moins cher. Ici, je ne crois pas dans les recettes de la Droite, mais, en faveur des travailleurs pauvres, plutôt en celles de la gauche (la vraie). Macron ne croit pas à la « fin du travail », par le remplacement des humains par des robots. Moi, oui. Je suis de très près ce que disent les transhumanistes à ce sujet (lire « la lente évaporation du travail »), et force est de constater que si on ne prend pas les devants dès maintenant, les prochaines années seront de plus en plus difficiles. Donc oui, je suis pour le Revenu Universel.

Les investisseurs français s’en fichent de toute façon : ils investiront leur argent dans l’entreprise qui rapporte, qu’elle soit française, américaine ou chinoise ! Il ne faut pas compter sur eux pour véritablement créer suffisamment d’emploi, surtout si d’un autre côté, notre seule plus-value, la formation professionnelle et intellectuelle de nos travailleurs ne fait plus partie des meilleures au monde depuis de nombreuses années.

Macron et les chômeurs

La promesse : en simplifiant l’accès au chômage pour ceux qui démissionnent, on simplifie également la mobilité. Une personne qui part d’un boulot qui ne lui plaisait plus, c’est aussi un boulot qui se libère, du moins en principe, pour quelqu’un d’autre.

On imagine bien la personne qui démissionne pour pouvoir se former, tout en touchant les indemnités du chômage, par exemple. De plus, l’assurance chômage serait élargie aux indépendants.

La critique : difficile de critiquer une telle mesure, du moins pour ma part en tant qu’indépendant ou dans un monde où le CDI dans la même entreprise pendant 40 ans n’existe plus. Mais on nous dit que ça coûterait plusieurs milliards d’euros en plus par an, que c’est impossible à financer.

D’un autre côté, ce que Macron donne d’une main, il le retire de l’autre : le contrôle de la recherche d’emploi sera très renforcé, pour éviter les chômeurs qui se complaisent à ne rien faire de leurs journées, même si on sait que ces contrôles renforcés ne mènent à rien. Vous la voyez, la façon insidieuse que Macron a de nous dire que si nous sommes chômeurs, c’est de notre faute, il n’y a qu’à se bouger pour s’en sortir ? Si tout était si facile… ça se saurait, nous ne sommes plus dans les trente glorieuses !

Macron et les précaires : CDD, intérim

La promesse : réduire le nombre de précaires en CDD, pour qu’il n’y ait plus que des CDD ou de l’intérim « volontaire », grâce à un système de bonus-malus sur les cotisations chômage des entreprises. Il s’agit de la continuité pure et simple du gouvernement précédent de François Hollande. C’est à mon sens une très bonne idée : on oblige les entreprises qui multiplient les CDD à cotiser plus pour l’assurance chômage. Les entreprises qui embauchent plutôt en CDI seraient favorisées.

La critique : si vous êtes en CDD, attention ! Vos droits au chômage pourront être réduits si vous avez eu quelques jours sans travailler entre deux missions par exemple. En effet, en calculant sur une base mensuelle plutôt que journalière les droits aux indemnités, les « trous » dans le parcours du demandeur d’emploi, entre autres paramètres, viendront réduire le montant de l’allocation mensuelle du chômage.

Macron et les indépendants

La promesse : c’est peut-être la plus forte mesure de Macron. Faire en sorte que les travailleurs indépendants, les commerçants, les professions libérales ou les artisans, et qui ne sont jamais sûrs de l’argent qu’ils gagneront le mois d’après, soient mieux protégés.

La chaîne Youtube d’Emmanuel Macron résume bien en quelques points les objectifs.

Etant un indépendant moi-même, l’idée de départ me plaît. Je connais des hauts et des bas constants dans ma profession, qui sont pénibles à vivre, surtout lorsque le RSI veut sa cotisation, même si ce mois-ci, tu n’as rien facturé.

La mesure phare : suppression du RSI, le Régime Social des Indépendants. Au sein du régime général, il y aura tout simplement un « guichet » qui leur sera dédié, avec une cotisation quasiment « à la carte ». Les bons mois, on donne plus, les mauvais mois, on donne moins. Etre au régime général simplifie énormément la vie, j’ai parfaitement vu la différence entre mon passage d’un CDI à celui de la création de mon activité indépendante.

De plus, cela ouvre des droits au chômage ! Il est là, l’énorme avantage ! Le régime général pour tous, c’est ce qui se pratique dans un pays que je connais bien, le Portugal, et ça fonctionne très bien. Vous l’aurez compris, sur cette mesure-là concrètement, je suis totalement pour.

La critique : c’est simple, le RSI a ses jours comptés. Les autres candidats étaient tous favorables à la fin du Régime Social des Indépendants ! A gauche de Macron, Mélenchon proposait exactement ça : suppression du RSI et retour de tout le monde dans le régime général. A sa droite, même constat, mais avec des nuances : François Fillon voulait remplacer le RSI par autre chose (mais pas le régime général), Marine le Pen voulait permettre à l’indépendant de pouvoir choisir entre le régime général ou le RSI.

N’oubliez pas, le RSI, c’était le « Racket Sans Interruption », selon ses principaux opposants.

Macron et les surendettés

Je n’ai rien trouvé sur les surendettés. Il n’en parle pas, je pense que nous allons continuer comme ça pour l’instant. Le surendettement n’est pas un sujet de campagne électorale ! Une chose est sûre : je ne manquerais pas de signaler, dénoncer ou applaudir, le moindre changement sur l’aide aux personnes en surendettement.

Mise à jour, juillet 2017 : avec la baisse des APLs généralisée de 5 euros pour tout le monde, Macron donne le ton de ce que sera la suite de son mandat. Fallait-il vraiment retirer 5 euros à ceux qui n’ont déjà pas grand chose ?

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