Conséquences du revenu universel sur le crédit

Le revenu universel veut permettre à ceux qui ne veulent ou ne peuvent pas travailler de vivre. L’évolution du marché de l’emploi et le progrès social souhaitable tendent vers un revenu d’existence, pour l’heure au stade d’utopie. Ce nouveau droit ouvrirait en théorie les portes du crédit.

Un monde sans travail universel

Sur le long terme, l’automatisation du travail et la concurrence des pays à bas coûts salariaux auront raison du plein emploi payé au juste prix dans nos sociétés modernes. Il faut dès lors trouver une solution face à la raréfaction de plus en plus structurelle de l’emploi et à la montée des emplois sous-payés, un esclavagisme des temps modernes.

Cette solution, qu’on la nomme allocation universelle, revenu de base ou impôt négatif, passe toujours par la possibilité de subvenir à ses besoins sans devoir travailler. Notre société d’abondance, où un seul agriculteur peut produire de quoi nourrir une ville transforme ce qui semble être une utopie en objectif réalisable : le travail d’une minorité permet de faire vivre la majorité.

Cet article est un exercice d’imagination, où je vais décrire les possibilités de crédit dans un monde où tous bénéficient d’un montant au moins égal au SMIC, qui permet de se loger, de manger, mais aussi d’avoir des loisirs. Si vous le désirez, les commentaires sont là pour débattre ou améliorer cette réflexion.

Revenu universel ou impôt négatif ?

En schématisant, le revenu universel verse à tous une somme d’argent, sans conditions. L’impôt négatif est plus subtil : en dessous d’un certain niveau de revenus, on reçoit de l’argent des impôts, au-dessus, on paye des impôts.

Conseillé par le célèbre économiste Thomas PikettyBenoît Hamon a popularisé le revenu universel lors de l’élection présidentielle de 2017, c’est donc ce terme que je vais utiliser ici, mais en n’oubliant jamais que l’impôt négatif est tout aussi valable dans cette réflexion sur le crédit.

Est-ce que les banques prendront en compte le revenu universel au moment d’octroyer un crédit ? Dans la mesure où il s’agit d’un revenu permanent, suffisant pour se loger, s’alimenter ou même pour ses loisirs, il n’y a aucune raison valable de refuser un crédit immobilier à quelqu’un qui n’aurait que le revenu universel pour vivre.

Avec ou sans revenu universel, les règles d’octroi de crédit ne changeront pas : on ne pourra pas s’endetter avec des mensualités supérieures à un tiers de ses revenus.

Pour l’économiste Patrick Artus de la banque Natixis, même s’il pense qu’il est difficilement finançable, le revenu universel possède des vertus essentielles :

Il permet de redistribuer de manière égalitaire une partie de la richesse du pays.

Il incite au retour à l’emploi : tout travail, même faiblement payé, à temps partiel, génère un revenu qui s’ajoute au revenu universel.

Nous sommes très loin de l’idée que le revenu de base inciterait ses bénéficiaires à ne plus travailler.

Le revenu universel et le crédit immobilier

L’accès au crédit immobilier par un plus grand nombre de personnes grâce au revenu universel permettra une plus grande liberté d’action au moment de choisir son logement. Ceux qui ne veulent plus être locataires vont en bénéficier directement, ainsi que les entreprises du bâtiment, qui verront très certainement leurs carnets de commandes grossir.

Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire au premier abord, les prix de l’immobilier ne vont pas s’envoler grâce à l’accès au crédit simplifié. Le revenu universel permet une mobilité qu’aucun salaire ou RSA ne permet. Sans l’obligation de vivre à un endroit précis à cause du travail, il devient possible de vivre en milieu rural par exemple, dans un logement décent et peu cher.

Cet état de fait réduit automatiquement la pression sur les prix de l’immobilier. Avec un revenu d’existence garanti, le travail à la campagne est envisageable, même mal payé. Nombreux sont les « néo-ruraux » qui préfèrent s’occuper des animaux de la ferme plutôt que de rester coincés dans un bureau parisien.

Avec des villages qui se repeuplent et cette liberté de s’établir partout, il devient également plus intéressant de faire revivre les commerces et les services de proximité, générant de l’emploi localement. Il s’agit d’un cercle vertueux, qui profite à tout le monde.

Dans un pays de nouveaux propriétaires, le marché de la location devrait en revanche se restreindre, et n’être réservé de plus en plus qu’aux personnes de passage : touristes, travailleurs détachés, étudiants…

Le revenu universel et le crédit à la consommation

Le crédit à la consommation, plus souple que le crédit immobilier, pourrait se développer. Mais il n’aura plus la même utilité, pour ne pas dire la même urgence. En effet, une grande partie des crédits à la consommation sont en fait des crédits auto. Mais, les mœurs changent, l’automobile étant de moins en moins vue comme étant un bien indispensable à avoir dans un garage.

Les solutions de leasing auto, de covoiturage ou d’autopartage sont venues chambouler la relation que nous pouvions avoir avec la propriété. De plus, le revenu universel permet au travailleur de refuser un emploi qui serait trop loin de chez lui, qui l’obligerait à acheter une voiture.

Le crédit auto deviendrait alors moins prépondérant, ce qui ouvre la porte au financement de choses différentes : un crédit pour entreprendre, un crédit pour faire des travaux d’isolation chez soi ou même un crédit pour passer de belles vacances.

Le revenu universel et le surendettement

L’une des causes principales de surendettement est ce que l’on appelle « les accidents de la vie ». Un divorce, une perte d’emploi, une dépression ou une maladie sont des raisons bien plus communes que la fraude au crédit dont on accuse souvent les surendettés.

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